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Conférence changement climatique
co-organisée avec les Amis de Carnac
Le Jeudi 7 juin 2012
La question du climat est restée, jusque dans les années 80, le domaine des chercheurs et des experts. La preuve : la Conférence de Stockholm (1972) reste limitée à l’environnement.
Ce sera seulement à l’occasion du Sommet de la Terre de Rio (1992), vingt ans plus tard, que le climat va commencer à investir le champ de la politique internationale, avant de devenir le sujet de société que nous connaissons aujourd’hui. On a alors commencé à parler d’un changement climatique et du réchauffement qui en est la conséquence.
Il est vrai que les enjeux sont considérables : ils touchent la biodiversité et les écosystèmes, le cadre de vie en société, les questions sanitaires, l’économie et la finance, la géopolitique et pour finir notre quotidien.
Par voie de conséquence ils mettent en cause nos modèles de production et de consommation, ce qui explique bien des réticences ou des contestations.
Pourtant, le réchauffement aujourd’hui n’est plus contesté ; il ne s’agit pas d’une hypothèse lointaine avec un horizon 2100. Le réchauffement est en cours ; les scientifiques en dressent déjà le constat, tandis que ses effets sont désormais visibles :
- le siècle qui vient de s’écouler aura vu la température moyenne mondiale progresser de 0,74°C, ce qui à l’échelle de la Terre est tout à fait considérable ;
- tandis que dans les années 80 le doute existait encore sur la libération des glaces dans l’Océan Arctique, dix ans plus tard on la prédisait pour 2100 ; aujourd’hui le trafic maritime par cette nouvelle route est annoncé pour ... 2013.
Le réchauffement qui s’amorce n’est pas une question d’opinion, c’est une question de connaissance, pour ne pas dire de compétence chez les responsables : il s’agit de comprendre le processus du changement climatique qui est en route, de voir en quoi nous sommes concernés et de déterminer comment nous pouvons y faire face.
Pour cela nous avons tenté, au cours de cette présentation, de répondre à 5 questions : Comment définir le climat ? Quel est le constat de l’évolution du climat ? Comment approcher la notion de réchauffement ? Quels sont les effets et conséquences possibles du réchauffement ? Que pouvons-nous faire ?
1) Comment définir le climat ?
Le climat dont il est question ici est le résultat d’un système complexe qui met en jeu l’atmosphère, la surface terrestre, les neiges et glaces, les étendues d’eau et les êtres vivants.
Le climat ainsi défini porte sur des périodes longues allant de quelques mois à quelques millions d’années ; il détermine et accompagne la vie sur la Terre.
Pour nous, il existe un autre climat qui se confond avec la météo de notre quotidien. C’est ce qui fait que nous parlons de climat pour une région donnée, ou même localement ; ainsi dans notre département nous distinguons, par exemple, un climat côtier, un climat plus « continental » du côté de Ploërmel, tandis que la Montagne Noire affiche un climat plus arrosé.
Tandis que la météo se révèle changeante, imprévisible au-delà de quelques jours, le climat dont nous parlons à propos du changement climatique, se révèle plus stable ; si bien que, pour les scientifiques, il s’avère plus facile, paradoxalement, de parler de l’évolution du climat que de la météo à 10 jours ou davantage.
Mais pourquoi le climat sur de longues périodes s’avère-t-il plus stable que la météo ? La réponse tient au phénomène de l’effet de serre qui peut se décrire de la manière suivante :
- la Terre reçoit à travers l’atmosphère un rayonnement du Soleil ;
- elle se réchauffe et retourne à son tour un rayonnement vers l’atmosphère ;
- ce rayonnement est pour une part renvoyé vers la Terre, ce qui la réchauffe : c’est l’effet de serre.
Cette situation qui rend possible la vie sur Terre, est due aux gaz à effet de serre qui ceinturent notre planète à une quinzaine de kilomètres d’altitude ; ce sont eux qui sont à l’origine du rayonnement renvoyé vers la Terre, d’où l’image d’une serre. On parle d’un effet de serre naturel qui fait que la vie est possible sur la Terre.
2) Quel est le constat de l’évolution du climat ?
- Variations climatiques et changement climatique :
L’équilibre que nous venons de décrire n’est pas immuable. Certains phénomènes naturels peuvent avoir une influence sur le climat : on parle alors de variations climatiques : c’est par exemple le changement dans la course de la Terre autour du Soleil ou encore les effets et conséquences d’une importante éruption volcanique.
Mais le climat peut être affecté par des changements qui concernent les gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère qui conditionnent l’effet de serre en empêchant le rayonnement de s’échapper vers l’espace. On parle alors d’un effet de serre additionnel qui est un facteur clé du changement climatique.
- Périodes glaciaires et interglaciaires
Notre planète a connu, au fil du temps, une alternance de périodes glaciaires et de périodes plus chaudes dites interglaciaires ; période dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Or Il n’y avait alors pas plus de 5 à 6°C d’écart entre période froide et période plus chaude ; il nous faut avoir ce chiffre en tête quand nous parlons du changement climatique actuel et du réchauffement qui lui est associé.
- Le constat de hausse de la température
En effet, en un siècle, nous avons connu une augmentation de 0,74°C de la température moyenne de la Terre ; la cause de cette amplitude dans un temps aussi court est à rechercher dans les émissions de gaz à effet de serre.
3) Comment approcher la notion de réchauffement ?
Pour approcher la notion de réchauffement il nous faut parler des gaz à effet de serre, de leur concentration dans l’atmosphère et de leur origine.
- Les gaz à effet de serre (GES) : le plus connu est le CO2 couramment appelé le gaz carbonique, mais il faut compter aussi avec le méthane (CH4) le dioxyde d’azote et divers gaz industriels ; moins connue la vapeur d’eau ... Une fois émis ces gaz auront une durée de vie qui va de quelques jours pour la vapeur d’eau à un siècle et plus pour le CO2 et bien au-delà pour les gaz industriels. Leur pouvoir de réchauffement diffère également de l’un à l’autre : ainsi le méthane réchauffe 25 fois plus que le CO2.
- La concentration des gaz à effet de serre : les émissions de GES ont considérablement augmenté depuis la révolution industrielle et surtout depuis le développement industriel qui a accompagné la fin de la seconde guerre mondiale. Mesurée en « parties par million » (ppm)2 la concentration de CO2 est ainsi passée, sur la période considérée, de 286 ppm à 386 ppm, ce qui s’est accompagné de la hausse de température évoquée ci-dessus.
- D’où viennent ces émissions ? Chaque année nous émettons, dans le Monde, quelques 50 milliards de tonnes de gaz à effet de serre :
- le « palmarès » des émissions par pays donne un double constat : les plus développés sont à l’origine du stock de carbone dans l’atmosphère, mais ils ont freiné leurs émissions ; les pays en développement - la Chine occupe la 1ère place - ont dépassé les premiers.
- par source d’émissions le constat est celui d’une société qui est dépendante des énergies fossiles pour ses besoins en énergie, le transport, l’agriculture, l’habitat... Ainsi 80% de l’énergie produite dans le Monde est d’origine fossile. Dans le même temps les forêts qui fixent le carbone disparaissent, ce qui contribue directement à l’augmentation des émissions.
4) Quels sont les effets et conséquences possibles du réchauffement ?
Les effets tout d’abord : Le réchauffement contribue au dérèglement de la machine climatique. Cela veut dire principalement : hausse des températures, modification du régime des précipitations et des courants atmosphériques ; le tout aggravé par ce qu’on appelle les phénomènes extrêmes, les tempêtes, ouragans, cyclones qui devraient croître en intensité et en fréquence.
Les conséquences sont multiples avec pour caractéristique générale de frapper très inégalement à la surface du globe, mais dans le même temps d’atteindre particulièrement les pays et les populations les plus fragiles.
On relèvera : la productivité agricole, parfois améliorée, le plus souvent réduite, l’apparition de parasites, de maladies, la hausse du niveau des océans, les risques d’inondations, la fonte des glaces et du permafrost, l’atteinte aux récifs coralliens ... Des conséquences, on le voit, multiples nous atteignant dans trois grandes dimensions : l’économique, le sociétal et l’environnemental.
5) Que pouvons-nous faire ?
Quand arrive le temps de l’action on voit poindre deux questions :
- Quelles certitudes avons-nous face aux annonces des experts ?
Michel Broue, mathématicien, professeur à l’Université Paris-Diderot, donne cet exemple de la démarche scientifique : la découverte de la planète Neptune par Le Verrier, en 1846, partant d’une hypothèse vérifiée ensuite par l’observation. Même les sciences exactes ne sont pas le domaine des certitudes ; elles se partagent entre observations et hypothèses vérifiées ensuite par l’expérience. Ainsi en va-t-il pour le climat.
L’étude du changement climatique ne consiste pas à prévoir le climat de demain à partir du passé. La démarche s’appuie sur des modèles qui intègrent l’ensemble des paramètres dont on connaît l’influence sur le système climatique. Dans le domaine qui nous occupe, on parle de hauts niveaux de probabilité pour les scénarios du futur, tandis que dès à présent les constatations sont là, par exemple pour ce qui concerne la fonte des glaces ou la hausse du niveau des océans.
Aujourd’hui, les travaux des scientifiques donnent lieu à un consensus des scientifiques, contributeurs du GIEC, en trois points : il y a réchauffement, les activités humaines sont en cause, l’interférence entre l’Homme et le système climatique présente potentiellement un danger.
- Quelles actions mener face au risque climatique ?
Deux possibilités s’offrent à nous, en observant qu’il ne s’agit pas d’une alternative, mais bien d’actions à combiner et à conduire simultanément :
- Réduire : On pense à l’action des Etats et aux difficultés à se mettre d’accord à ce niveau comme en témoignent les âpres négociations pour donner une suite au Protocole de Kyoto. On peut y adjoindre tout ce qui est susceptible de réduire les émissions : tout ce qui concerne l’habitat, l’agriculture, les transports, la préservation des forêts...
L’objectif est clair : pour s’en tenir à une hausse de 2°C il ne faudrait pas dépasser 450 ppm, or au rythme où nous allons la hausse serait plutôt de 4 à 6°C. Nous sommes alors dans l’inconnu, peut-être même face au pire si l’on va jusqu’à la fonte du permafrost.
- S’adapter : l’adaptation au réchauffement prend tout son sens en local ; à ce niveau on peut en effet estimer les modifications du cadre climatique, évaluer les impacts, définir les mesures adéquates et se mettre en ordre de bataille.
Ainsi le tourisme d’hiver serait atteint avec un réchauffement de 2°C ; avec 70% des stations alpines à moins de 1400 mètres on imagine bien que le canon à neige n’est pas la solution. Avec une saison écourtée d’un mois et 25% de revenus en moins le modèle est à revoir. Que faire ? Certaines stations de montagne ont déjà engagé leur réflexion.
Quelle analyse doit faire une station côtière devant le risque climatique : Plus chaud ? Plus humide ? Plus sec ? La côte menacée ? Etc.
Une certitude : le tourisme doit intégrer le climat dans toutes ses conséquences, et ce dès aujourd’hui...
Bertrand Dassonville
Dernière modification : 19/09/2012 @ 12:38
Catégorie : - Evènements-Divers